Nadrin: le Belvédère, hôtel situé sur le site classé du Hérou, squatté et laissé à l’abandon
Publié le jeudi 21 Août 2014

Terrible tableau que celui qu’offre aujourd’hui l’hôtel Le Belvédère, situé à Nadrin (Houffalize). Cet établissement de prestige, qui doit son nom à sa tour permettant d’observer le magnifique paysage alentour, est à l’abandon depuis 2009. Squatteurs et voleurs de cuivre l’ont dépouillé. Pis : la tour elle-même présenterait des risques pour les touristes de passage..Le site du Hérou, situé à Nadrin (Houffalize) est classé depuis 1937.« Avant que Spa ne soit la station thermale qu’on connaît, les gens aisés venaient barboter dans l’Ourthe ici », explique Stéphane Voets, propriétaire du Panorama, un autre hôtel-restaurant situé à Nadrin. « La Belvédère, cela a été une mine d’or pendant presque un siècle », enchaîne Benoît Toussaint, propriétaire des 5 Ourthes, un hôtel-restaurant voisin du Belvédère. « Les gens s’y pressaient par centaines chaque jour. Aujourd’hui, ça fait peine à voir. »

L’établissement, surmonté de ce fameux belvédère qui donne une vue imprenable sur la vallée de l’Ourthe, est abandonné depuis 2009. Et son état n’a fait qu’empirer depuis. Il n’est pas nécessaire de ramper ou d’escalader une barrière pour s’en rendre compte. Les portes latérales du bâtiment sont en effet ouvertes, et chacun peut donc y rentrer comme dans un moulin. Aux abords, des sacs poubelles et des téléviseurs cassés jonchent le sol. « Des squatteurs les ont lancées par la fenêtre un jour », précise Benoît Toussaint. C’est toutefois dans le bâtiment que le choc est le plus important. A l’entrée, le bar est jonché de débris, de bouteilles à moitié vidées. Le sol est couvert de morceaux de verre, les détritus sont partout. Plus loin, dans la cuisine, tout a l’air en état, mais une crasse terrible jonche les sols et toutes les surfaces de travail. La grande salle de réception, avec une terrasse panoramique exceptionnelle, est elle aussi dans un état pitoyable. « Les squatteurs ont même arraché le système de climatisation, qui était tout neuf », commente Stéphane Voets.« C’est vraiment détruire pour détruire. »

A l’étage, par contre, ce sont des voleurs plutôt que des squatteurs qui ont opéré. « On s’est d’abord demandé pourquoi les radiateurs avaient été arrachés », explique Benoît Toussaint. « Et puis on a réalisé que les conduites avaient aussi été arrachées dans le mur, puis sectionnées. C’est du cuivre, et ça rapporte pas mal. » Mais le plus inquiétant, c’est sans doute le belvédère en lui-même. Accessible sans aucune difficulté, sa plate-forme métallique commence à rouiller sérieusement. Ce qui pourrait s’avérer très dangereux pour ceux qui oseraient s’y aventurer. « Des pierres de la tour commencent aussi à se déchausser », poursuit Stéphane Voets. « Pour nos établissements, ce n’est pas terrible comme tableau. Les gens qui passent par ici, aujourd’hui, repartent directement. Ce qui est fou, c’est que les guides continuent à mentionner le belvédère. Le commissariat au tourisme n’a pas non plus l’air de vouloir y faire quelque chose. C’est désolant. S’il arrive un malheur ici, je me demande qui portera la responsabilité.»

Pour le bourgmestre de Houffalize, Marc Caprasse, tout a pourtant été mis en oeuvre. « C’est un bâtiment privé dans lequel nous ne pouvons pas entrer comme on veut. Nous avons seulement pu placer un grillage avec cadenas pour empêcher la montée du belvédère. Pour le reste, le propriétaire de l’immeuble paye une lourde taxe car son immeuble n’est pas occupé. Quant aux vols et autre squatteurs qui habiteraient l’endroit, la police, qui est intervenue à plusieurs reprises, n’a jamais pu le constater. Il faut faire une différence entre des jeunes qui passent une soirée là et des gens qui y vivent dans la durée.